"Où se trouve ce qui manque? Peut-être seulement ici, où cela manque."
Roberto Juarroz

"Même si le lieu de méditation est exigu, il renferme l'univers.
Même si notre esprit est petit, il contient l'illimité."
Sekito Kisen

vendredi 7 février 2020


Chaque perte est un vertige, une aridité à soigner par une absence plus ardente. Une vacance inédite, une délivrance où pourront s'accomplir toutes les brûlures, les ivresses, les percées.







vendredi 6 décembre 2019

Il n'y a pas de visage dans le vertige du désir. Tout est blanc, trop proche de la brûlure. Fondu dans ce qui suit l'aveuglement des sensations, l'éblouissement du corps.
Il n'y a pas de visage dans les livres. Ils se sont effacés devant l'éclat du plomb et le poids des pollens.
Il n'y a pas de visage dans la contemplation des souvenirs. Et il est impossible d'aggraver ce mal.

mardi 26 novembre 2019

Le vertige d'un mot suffit pour qu'une parole s'amorce. Pour la glisser sur le papier, il faut un peu de salive mélangée à des extraits de baies. Enfin, pour que sa trace noircisse, il faudra utiliser les tanins des noix et des galles.


[Fabriquer son encre -1]

lundi 25 novembre 2019

Tu ne sais pas écrire. Tu connais juste la délicatesse qu'il faut pour nettoyer la veine vivante des mots, pour retirer la mousse qui les recouvre et caresser leur écorce rouge.

lundi 18 novembre 2019

La haute ligne des soirs s'évapore avec ce qui nous reste de corps ou de saisons: poitrines, lucarnes, lisières dérivent, frileuses et illégales.
Nous sommes des formes vulnérables. Nos révélations sont tardives. Quand corolles et coquilles se frôlent, tout en nous continue d'ignorer de quelles nouaisons ou éclosions procède la naissance ou l'extinction de l'envie.





jeudi 17 octobre 2019

Aucun de tes brouillons n'éclaircit le taillis des désirs. Aucun de tes savoirs ne débroussaille le fouillis de ton sang.



mercredi 16 octobre 2019

Le monde invisible écaille les paupières closes sur ces regards qui savent que l'éternité est un paysage.


vendredi 2 août 2019

Plus personne n'est là pour ramasser la dîme de la mer. Qui va prendre soin de la douceur de ces lèvres qui s'abîment, marées après marées, contre ta bouche de sel?



samedi 20 juillet 2019

Derrière la vie s'étendent les jachères de la mémoire, ces continents de saisons en friche où se déploie, à l'infini, le chiendent des possibles.



dimanche 14 juillet 2019

Juste façonner des petites choses de mots, boules inégales roulées avec de la terre et des mousses, de la salive et du ciel.



samedi 29 juin 2019

De quel lit es-tu le sable? Ignorant à quelle éternité tu es voué et de quelles plages tu deviendras la solitude. Intervalle inlassablement archivé dans la mémoire des marées.



samedi 22 juin 2019


La traversée.


C'est un moment où la marée du monde s'est retirée très loin de toi. Aucune rumeur ne te parvient. La solitude est parfaite. Une grande maigreur t'habite de partout pendant que les carences et les carêmes cognent à tes murs. 
Comme une évasion, une mélodie de la lumière vient de loin. Tu franchis des transparences, t'enterres dans le bleu. Une averse tisse ses gammes et t'éclaire de l'intérieur. La fièvre du sommeil noir s'apaise dans la brume. Quelque part, des pensées de forêt protègent une source où abondent les fougères, une fraîcheur qui murmure la possibilité d'un voyage, d'une traversée.